« Je n’aime pas lire… » Aimer lire n’est pas donné à tout le monde. Certaines personnes n’ont pas eu la chance de goûter au plaisir de la lecture grâce à leurs parents durant leur petite enfance. D’autres jeunes sont dégoutés de la lecture par l’école où on leur impose de lire trop, trop vite et probablement des ouvrages trop difficiles, qui ne font pas sens dans leur monde d’ado.

Pas évident de se lancer dans une nouvelle pratique comme la lecture, surtout lorsqu’a priori on n’aime pas cela. C’est justement le sujet d’un rassemblement d’articles initié par Voyage en pages, un blog qui nous aide par exemple à nous lancer dans le dessin, et cet article y participe !

 

Comment se mettre à lire lorsque l’on déclare « Je n’aime pas lire » ? Comment trouver ou retrouver le plaisir de la lecture une fois adulte ?

Commencer par des magazines et des bandes dessinées pour retrouver le plaisir de lire (voir mon article sur les romans graphiques) avant de passer à des bouquins plus denses ? Se promener en librairies à la recherche du livre qui nous ferait tilt ? Lires des documentaires sur un sujet qui nous passionne avant de se lancer dans les romans ?

Houria, notre invitée dans cet article, est passée par là… Elle nous présente les stratégies qu’elle a mises en place et ses cinq meilleurs conseils pour passer de « La lecture est une corvée » à « J’aime lire ». Elle a même fini par tenir un blog littéraire ! Une belle victoire et un merveilleux moyen pour faire aimer la lecture aux autres.

Son point de vue est bien sûr celui d’une adulte qui a décidé de se mettre à lire. Dans le cas d’enfants et d’ados, cela peut être un peu différent car les jeunes lecteurs ont besoin d’un soutien autre lorsque l’apprentissage de la lecture est difficile. Si la question de la lecture chez les jeunes non-lecteurs vous intéresse, dites-le moi en commentaire et j’en ferais peut-être un futur article !

 

L’histoire d’Houria : de non-lectrice à blogueuse littéraire

Houria : Tout d’abord, un grand merci Aline pour cette invitation sur Des livres pour cheminer. Je suis heureuse et très honorée de pouvoir partager mon expérience de la lecture avec les lecteurs de ton blog.

Aline : Bienvenue Houria ! Dis-nous, qui es-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Houria : Je suis Houria et dans la vie je suis dans le domaine de l’entreprenariat en ligne, un peu blogueuse, un peu freelance. J’aime l’idée de pouvoir travailler quand, comment et d’où je veux. Mon prénom signifie liberté dans la langue arabe, alors je me dis que, peut-être, cela m’a influencée à emprunter ce chemin.

 

Raconte-nous ton histoire avec la lecture : il semble que tu n’aies pas été une grande lectrice pour commencer ? Est-ce que tu n’aimais pas lire ?

Houria : En effet, je dirais même que j’étais “allergique” à la lecture. J’avais trop associé de choses négatives à la lecture : pour moi, lire des livres était synonyme d’ennui, d’obligation, de corvée, de punition, de quelque chose qu’on m’imposait et que je n’avais pas choisi. En bref, le lien entre livres et émotions désagréables s’était ancré en moi. Je préférais largement la télévision qui, à cette époque, était beaucoup plus attrayante et divertissante à mes yeux.

À ce moment-là, si on m’avait dit qu’un jour je serais tellement passionnée de lecture que je lirais 71 livres en 1 an et que j’aurais même un blog de lecture, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant, plus d’une décennie plus tard, c’est bien ce qui est arrivé…

amour de la lecture

 

Aline : Pourquoi en es-tu arrivée à avoir une aussi mauvaise opinion de la lecture ?

Houria : Eh bien moi-même je ne sais pas vraiment… Peut-être parce que la lecture m’était imposée, je devais lire des livres qui ne m’intéressaient pas à l’école. Peut-être que j’aurais aimé que l’on m’incite à lire, mais pas qu’on m’oblige, et surtout que j’aie le choix du livre. Peut-être parce que cela était associé à une note, cette peur de ne pas être à la hauteur, d’avoir une mauvaise note, de ne pas tout comprendre. Peut-être aussi parce qu’à la maison la lecture n’était pas valorisée. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à cette question, pourquoi cette mauvaise opinion de la lecture. Oui, à bien y réfléchir, je dirais que la lecture était directement liée à l’école, et comme je n’aimais pas l’école et qu’elle était pour moi source d’anxiété, je l’ai automatiquement liée à la lecture vu que c’est là où j’y étais le plus confrontée.

Aline : Alors, comment as-tu fait pour te mettre à lire ?

Houria : Je suis convaincue que tout s’apprend, même la passion pour les livres. Et être passionnéelire,  de livres, c’est ce que je voulais profondément. Pour cela, j’ai trouvé quelque chose qui allait transformer ce rêve en objectif : un défi. Voilà qui allait me motiver à lire des livres et surtout à les terminer. Débuter un livre était plutôt simple finalement, tout le défi était d’aller au-delà de cette perception de lecture interminable à la vue du gros bloc de pages restant à lire. Bien que la passion pour les livres n’était pas présente au départ, c’est le goût du challenge qui m’a poussée à lire. A partir de là, j’ai cherché à tout mettre en œuvre pour le réussir. C’est là que j’ai décidé d’adopter des rituels, des plannings de lecture, des routines, et ouvrir un blog littéraire sous le nom de plume Rim.

Aline : Tu parles de rituels et de routines… lesquels as-tu mis en place pour t’aider ?

Houria : Concernant les rituels et routines que j’ai mis en place, il s’agissait de définir un moment précis où je lisais. Par exemple, j’avais pris l’habitude de lire tous les soirs, de lire au moins un chapitre quotidiennement jusqu’à lire le plus de pages en un jour. J’avais besoin de suivre ces habitudes pour m’aider à me réconcilier avec la lecture. Sans cela, jamais je n’aurais eu l’occasion de découvrir les récits magnifiques qu’il m’a été donné de lire, tout cela parce que je n’aurais pas pris le temps de lire. Voilà pourquoi ces routines « moment de lecture » ont été l’une des clés dans ma réconciliation avec la lecture.

Aline : Quelle relation as-tu avec la lecture maintenant ? Que lis-tu et pourquoi ?

Houria : J’adore lire, la lecture est devenue pour moi un vrai plaisir, encore mieux que de regarder un film. Contemporain, jeunesse, biographie, témoignage, essai, développement personnel, tout m’intéresse. Les livres que j’affectionne tout particulièrement sont les récits de voyage. Partir à la rencontre de personnages réels ou imaginaires, de n’importe quelle époque ou contrée est une expérience qui me remplit de bonheur. Les livres délivrent, ils aident à mieux se connaître et à trouver des solutions car il y en a toujours. D’ailleurs, lorsqu’une personne de mon entourage me fait part d’une difficulté, je lui recommande un livre qui pourrait lui apporter une aide. Et à chaque fois, les retours sont positifs. Les bénéfices des livres sont extraordinaires, j’ai pu le vivre et le constater autour de moi et c’est pour cette raison que je suis absolument convaincue par la bibliothérapie.

 

Quels “trucs” pourrais-tu donner à quelqu’un qui n’aime pas lire, ou qui a de la difficulté à lire, pour l’aider à s’y mettre ?

Houria : Commencer par lire des livres dans le même genre que les séries, films, documentaire ou jeux vidéo que l’on aime et auxquels on porte un grand intérêt. Ensuite, bien que le genre nous plaise, quelques petits trucs peuvent grandement contribuer à nous donner envie de lire lorsqu’au départ on a des difficultés pour cela.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Bibliothérapie et enfants stressés : des résultats encourageants !

Un coin lecture

Par exemple, aménager un coin accueillant, avec livres, plaid, liseuse, tasse, lampe de lecture, coussin moelleux, marque-page, guirlande de lumière, en sommes tout ce qui rappelle et incite à lire. C’est un fait, l’environnement joue beaucoup sur notre état d’esprit. Si on est entouré d’appareils technologiques en tous genres : smartphone, tablette, télévision, console de jeux vidéo, ordinateur et absolument rien qui nous rappelle les livres, il est normal que l’on n’ait pas la moindre envie de lire. L’une des choses qui m’a aidée a été de me construire un coin spécialement dédié à la lecture. Avoir un coin bibliothèque est l’idéal, voir des livres quotidiennement influence forcément. En tout cas j’en suis convaincue. J’ai travaillé pendant plusieurs années entourées de milliers de livres et je suis certaine que cela m’a aidée à aimer les livres.

Tout comme l’environnement, l’entourage a une influence considérable sur notre façon d’agir. Ainsi, s’entourer de personnes passionnées de lecture contribue considérablement à nous faire lire. Et ce n’est pas tout, les émotions sont communicatives : voir, écouter et lire des passionnés de livres, partager leur enthousiasme et leur amour pour la lecture favorise d’autant plus l’envie de lire. Et même si, dans notre entourage, on ne trouve pas de passionnés de lecture, avec Internet tout devient possible. En un clic, on trouve d’innombrables blogueurs ou booktubeurs (youtubeur qui parlent de livres !) qui partagent leur passion pour les livres. Il y a aussi les réseaux sociaux littéraires comme Livraddict, Babelio, Booknode ou encore Goodreads. Pouvoir échanger avec des passionnés, participer à des clubs de lecture et construire ma bibliothèque virtuelle m’a grandement aidée, au point que je ne me suis même pas rendue compte du moment où je suis devenue complètement passionnée par les livres.

Ensuite, il est important de chercher à contourner les obstacles qui nous empêcheraient de lire. Par exemple, pour lire le soir sans déranger mon entourage, j’ai trouvé une lampe de lecture, cela m’a grandement aidée. C’est un outil qui permet d’éclairer uniquement les pages du livre. Ainsi, je pouvais continuer de lire sans déranger. La liseuse électronique m’a également énormément facilité la vie.

Une solution redoutablement efficace et qui m’a beaucoup aidée pour terminer mes livres est le découpage en petits chapitres. retrouver le plaisir de lire À l’aide de post-it marque-page, je séparais chaque chapitre. Car lire un pavé, ce n’est pas motivant quand on n’aime pas lire, même si le sujet nous intéresse. Ainsi, mon objectif n’était plus ce but lointain de la dernière page mais le chapitre suivant. Avoir ce feed-back visuel est très encourageant et incitatif à la lecture. Une fois que j’avais fini un chapitre, je pouvais soit en débuter un nouveau, soit m’arrêter là jusqu’au jour suivant. Cela devenait de plus en plus rare car j’appréciais tellement cette victoire de terminer un chapitre que je voulais réitérer l’expérience.

Lorsque je lisais sur liseuse électronique, c’était tout aussi simple de procéder ainsi, grâce au pourcentage de lecture affiché à chaque chapitre. C’est un peu comme dans un jeu vidéo où l’on voit la barre de progression évoluer vers notre objectif.

 

Si tu devais proposer 3 livres qui ont vraiment fait une différence dans ta vie, quels seraient-ils ? Et pourquoi ?

Houria : Sans conteste, je dirais tout d’abord Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach. C’est un livre qui permet de s’évader, qui fait voyager et qui recèle une morale des plus magnifiques : continuer à suivre bêtement ce que les autres ont toujours fait, ou s’écouter et suivre sa propre quête ? C’est le dilemme de Jonathan, un goéland qui aimait profondément voler et qui finalement n’est pas si différent de ce que l’humain peut rencontrer.

 

Je dirais ensuite Conquérant de l’impossible de Mike Horn. De loin l’un des plus beaux voyages que j’ai pu vivre à travers la lecture. L’explorateur y raconte son parcours autour du cercle polaire arctique. C’est un livre qui m’a beaucoup fait réfléchir sur la persévérance, la détermination à aller de l’avant et la notion de courage. J’y ai appris que si la préparation est nécessaire, le mental est encore plus important pour atteindre un objectif.

 

Enfin, L’homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle. Un roman de développement personnel merveilleux. La lecture de ce livre a remis en question bon nombre de schémas de pensée que j’avais sur le bonheur. Dans un environnement idyllique, l’île de Bali, on y découvre les clés du bonheur. Cette lecture a été inoubliable car cela a remis en question bon nombre de schémas de pensées que j’avais et qui m’empêchaient d’avancer et de m’épanouir. L’idée centrale du livre et qui m’a le plus marquée est cette découverte : nous sommes ce que nous pensons être.

 

Aline : Pour terminer, parle-nous de tes projets en ligne.

Houria : J’ai laissé de côté mon blog Envie de lecture pour me consacrer pleinement à un nouveau blog qui me tient extrêmement à cœur. Il s’agit de Boulevard du Succès. Je suis passionnée par le fonctionnement humain et je suis convaincue qu’il y a des principes pour réussir, un itinéraire qui mène au succès. À commencer par avoir le bon état d’esprit, l’attitude que l’on a, nos pensées, nos croyances, tout cela influe sur notre vie et détermine les résultats que nous obtenons. C’est le message que je veux partager à travers ce blog, que tout est possible et qu’il y a des outils pour y parvenir.

Aline : Merci beaucoup Houria pour tes conseils aux futurs lecteurs !

 

J'aime lire

5 conseils pour trouver ou retrouver l’amour de la lecture

En résumé, voici les cinq conseils d’Houria pour vous aider à enfin prendre du plaisir à lire un livre !

  1. Commencer par un sujet qu’on aime : commencer par un domaine ou un univers qui nous passionne déjà va nous aider à trouver de l’intérêt à un livre. Par exemple, si vous êtes fan de séries de science-fiction, trouvez un roman du même genre !
  2. Aménager un coin accueillant : lire est une activité de détente et de bien-être ! Un environnement propice vous aidera grandement à vous glisser dans la lecture comme dans un bon bain chaud ! C’est d’ailleurs une des étapes que je vous propose dans mon guide « Les 7 étapes de la lecture consciente » qui vous aidera à développer une habitude de lecture bienfaisante.
  3. S’entourer de personnes qui aiment lire : que ce soit dans la vraie vie avec nos proches, nos amis ou dans un club de lecture, ou alors en virtuel par les blog ou les vidéos youtube, être en contact avec des lecteurs qui partagent leur passion des livres est extrêmement stimulant ! Cela permet aussi de se faire une idée des livres qui pourraient nous plaire en fonction des retours et de l’expérience des autres.
  4. Contourner les obstacles qui nous empêcheraient de lire : se munir d’une lampe de lecture pour ne pas déranger notre entourage le soir, s’acheter une liseuse pour se mettre aux livres numériques pour ne pas avoir à porter un livre dans notre sac, se mettre aux livres audio si on désire écouter un roman les mains libres de faire autre chose. Se créer des routines de lecture pour ne pas louper le « moment lecture » de la journée.
  5. Découper le livre en petits chapitres : si l’idée de devoir lire un pavé vous fait peur, découpez-le en chapitres à l’aide de post-il, comme Houria. Vous serez surpris d’arriver déjà à la fin de ce que vous vous étiez promis de lire, et peut-être lirez-vous même un chapitre de plus !

 

Si, comme Houria, vous avec pu, par le passé, déclarer « Je n’aime pas lire », mais que vous avez réussi à devenir lecteur, partagez vos trucs et astuces en commentaires !