Bienvenue dans ce 12e épisode du podcast « Des livres pour cheminer » !

 

Des livres pour cheminer – un podcast sur la bibliothérapie :

Interview d’Aurélie Raymond, bibliothérapeute

 

Voilà la cinquième interview d’un.e bibliothérapeute que je vous propose dans ce podcast !

Interview d'Aurélie Raymond

Aujourd’hui, je vous présente Aurélie, auteure du site Ma Petite Bibliothérapie.

Aurélie propose des séances individuelles, des ateliers de groupe, ainsi que des formations à la bibliothérapie.

Ce que j’ai aimé chez elle ? Sa grande ouverture à toutes les manières de pratiquer la bibliothérapie, et son triptyque coeur-corps-esprit lorsqu’il s’agit de penser les différents types de livres qu’elle utilise… Je vous ai mis l’eau à la bouche ? C’est parti à la rencontre d’Aurélie !

Vous avez le choix entre la version audio, la version YouTube ou la version texte, tout cela ci-dessous !

 

 

Podcast sur la bibliothérapie

 

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Interview d’Aurélie Raymond, bibliothérapeute : version texte du podcast

Bonjour, c’est Aline du site Des livres pour cheminer, et bienvenue dans le douzième épisode de ce podcast !

Au fil de ces épisodes, j’ai à coeur de donner la parole à d’autres bibliothérapeutes pour découvrir leur vision de la bibliothérapie et leur manière de pratiquer. Aujourd’hui, je vous propose de rencontrer Aurélie Raymond, journaliste et chroniqueuse littéraire à Paris, et bien sûr bibliothérapeute ! Elle tient également le site ma-petite-bibliotherapie.fr

Vous êtes prêts ? C’est parti !

Aline : Bonjour Aurélie, merci beaucoup d’avoir accepté mon invitation pour ce podcast, ça me fait vraiment plaisir que tu sois là.

Aurélie Raymond : Bonjour Aline, je suis ravie d’être là pour parler de bibliothérapie.

Aline : Avant qu’on parle de bibliothérapie, est-ce que tu pourrais nous dire un petit peu qui tu es, ce que tu fais à côté de la bibliothérapie, ton parcours, pour qu’on fasse ta connaissance ?

Aurélie Raymond : OK, alors grande question ! Qu’est ce que je fais… Alors oui, je suis bibliothérapeute. J’anime des ateliers et des séances de bibliothérapie. Je forme aussi de futurs bibliothérapeutes. Et à côté, c’est ma formation initiale au départ, je suis journaliste, chroniqueuse littéraire, j’écris dans un magazine et j’interviens dans une petite radio locale. C’est ma deuxième activité, très complémentaire. Je trouve que l’une nourrit l’autre et inversement. Et j’enseigne aussi le storytelling dans des écoles d’ingénieurs et de commerce. Voilà le triptyque magique.

Aline : Donc tu es dans le livre, les histoires, l’écriture…

 

Comment Aurélie découvre la bibliothérapie et se forme…

Aurélie Raymond : Voilà, comment raconter des histoires, comment se raconter, exactement. Et à propos de mon parcours, au départ j’avais choisi d’être journaliste. J’ai toujours été une grande lectrice. Bizarrement, je me dis mais pourquoi n’as-tu pas fait d’études de lettres ? Je n’en ai pas fait parce que j’ai été un peu… traumatisée le mot est peut-être un peu fort, mais en tout cas, ça me déplaisait fortement le « Mais qu’a voulu dire l’auteur ? » qu’on nous a asséné pendant toute notre scolarité. Et moi qui aimait déjà beaucoup les livres, qui avait un rapport presque charnel avec le livre, ce côté très intellectualisé, même s’il est intéressant, ce n’est pas du tout ce que j’avais envie de faire. J’ai quand même choisi un métier où on écrit puisque j’ai été journaliste pendant de longues années.

Donc depuis longtemps, et c’est là tout le lien avec la bibliothérapie, je réalise des petites chroniques de livres dans des supports divers et variés. Et cette question amène la suivante : comment est venue à moi la bibliothérapie ? J’ai vraiment toujours été assez fascinée par le pouvoir qu’avait le livre sur les autres et sur moi, sur moi en premier lieu. J’aime à raconter que quand j’ai lu Matilda de Roald Dahl, j’ai vraiment eu un choc littéraire et je me suis dit je peux, moi aussi, être cette petite fille avec des pouvoirs extraordinaires. Je m’entraînais dans ma chambre à essayer de déplacer des objets pour voir si je pouvais faire comme Matilda.

Et j’ai rencontré la bibliothérapie, même si elle ne le nomme pas tout à fait comme ça, grâce aux livres de Michèle Petit qui est une anthropologue de la lecture, et notamment via son livre Éloge de la lecture. Michèle Petit n’utilise pas le mot bibliothérapie, mais toute l’idée du pouvoir réparateur des livres est un peu le fil rouge de ses travaux. Donc je m’étais dit mais c’est génial, les mots qu’elle met sur le pouvoir de la littérature ! C’était aussi un moment de ma vie où je suis allée au Canada. J’étais à Montréal et j’avais une colocataire qui était psychologue, quelqu’un qui finissait ses études de psychologie. Et elle faisait sa première expérience dans un service psychiatrique pour adolescents, elle travaillait avec des psychiatres et des médecins qui utilisaient la lecture. Donc là encore, il n’y avait pas encore ce mot de bibliothérapie, mais il y avait cette idée qu’on pouvait utiliser la lecture pour faire du bien aux autres, pour les soulager. Je me suis dit c’est génial, c’est super ! Et au fil des années, très vite, je me suis mise à animer en rentrant en France non pas des ateliers de bibliothérapie mais des ateliers d’écriture, beaucoup d’ateliers d’écriture, liés à mon activité de journaliste.

Et à la fin des années 2010, j’ai eu l’occasion de travailler avec une association qui était partenaire de l’Institut Primo Levi à Paris qui accompagne des enfants qui ont vécu des situations dans des pays étrangers difficiles, voir très compliqués, et on animait des ateliers – c’était une association où on était plusieurs, en partenariat avec des psychologues – autour de l’écriture et de la lecture. C’était assez incroyable de voir – évidemment qu’il n’y avait pas de prétention à se substituer au travail de psychologues, ce n’était pas du tout l’objectif – que par la lecture, par des textes, par les mots, on pouvait déclencher quelque chose. Je me souviens notamment d’un psychologue qui nous avait dit  » Cette petite fille qui n’a pas décroché un mot depuis trois mois », après l’atelier elle s’est mise parler. Parce qu’il y avait eu, grâce au texte, grâce aux mots, une connexion, un petit quelque chose en elle qui s’était opéré, qui avait fait que tout d’un coup, elle parlait.

Donc, je me suis dit c’est génial, c’est formidable. Et de là a commencé tout un cheminement. J’ai commencé à animer de plus en plus d’ateliers, à me former empiriquement, à tester des choses aussi.

Aline : Ça, c’était ta découverte de la bibliothérapie. Du coup, comment est-ce que tu t’es formée ? Parce qu’on sait que chez nous il n’y a pas de formation officielle. Il n’y a pas grand chose. Quel est ton chemin pour développer ces compétences de bibliothérapeute ?

Aurélie Raymond : Ça s’est fait par des chemins divers. Le premier, ça a été vraiment une expérience un peu empirique, en animant ces ateliers d’écriture, en y incorporant la lecture. Aussi à travers ce que j’avais pu lire sur les travaux de Michèle Petit, etc. Je me suis mise à tester des choses de manière tout à fait empirique. Ensuite, il y a eu plusieurs rencontres. Il a eu une première rencontre avec une auteure, une écrivaine que j’aime particulièrement, qui s’appelle Laurence Nobécourt. Elle ne fait pas de la bibliothérapie, mais elle a un rapport aux mots avec lequel je me suis tout à fait reconnue et j’avais participé avec elle à un stage autour de l’écriture.

Il y avait eu les travaux de Michèle Petit, et avec Laurence Nobécourt vraiment le côté de l’écriture comme matériau très corporel, quelque chose qui pouvait avoir un impact dans le corps. On pourra parler après des rapports entre la bibliothérapie et un certain nombre de pratiques, mais ça a été un déclic et ça a éveillé quelque chose en moi. C’est à partir de ce moment là que j’ai eu envie vraiment d’approfondir encore plus. A partir de là, il y a eu deux rencontres : le livre de Régine Detambel qui a vraiment démocratisé et vulgarisé les travaux de Michèle Petit. Je me suis formée avec elle. Et aussi via un cours organisé par l’Université de Warwick qui faisait le lien – et c’était une première parce qu’en France il n’en n’existe pas à ma connaissance, en tout cas pour l’instant – qui faisait le lien entre littérature et bien-être, et notamment entre poésie et bien-être.

Donc voilà, c’est la combinaison de toutes ces rencontres et de toutes ces expériences qui font que je suis là.

Aline : D’ailleurs, j’étais tombée sur ce cours proposé par l’Université de Warwick et j’étais très frustrée de voir qu’il n’était plus actif, il n’était plus donné.

Aurélie Raymond : Ah d’accord, c’est dommage !

Aline : C’était un cours en ligne, c’est juste ?

Aurélie Raymond : C’était un cours en ligne, oui, tout à fait. Assez intéressant parce qu’avec diverses interventions vraiment articulées autour de la poésie. Et moi, la poésie, c’est un genre qui me tient à cœur, souvent mal aimé.

Aline : Oui, ça m’aurait plu de le suivre, je me suis dit zut, je suis arrivée trop tard !

 

Qu’est-ce que la bibliothérapie, Aurélie ?

J’aime bien demander aux bibliothérapeutes que j’interviewe quelle est leur définition de la bibliothérapie. Parce qu’on a tous des approches différentes, des sensibilités un peu différentes. Donc, pour toi, qu’est-ce que la bibliothérapie ?

Aurélie Raymond : Alors, la bibliothérapie, littéralement c’est soigner par les livres. Mais il y a toujours cette idée de thérapie… Dans le mot bibliothérapie, c’est toujours ce qui fait peur. Ce mot de thérapie, cette dimension un peu médicale qui évidemment ne convient pas tout à fait à ce que je peux faire, moi, en tant que bibliothérapeute, puisqu’il s’agit vraiment plutôt d’accompagner dans un processus.

Ça peut être un processus d’évolution. J’aime beaucoup l’image de la petite cabane intérieure qui est dans le noir, et il va s’agir d’ouvrir une petite fenêtre, de trouver une petite fenêtre et de l’ouvrir, ou de trouver une porte et de l’ouvrir. Pour moi, c’est vraiment d’accompagner et d’ouvrir de nouvelles portes, de nouvelles entrées dans ce qu’on a tous, notre petite géographie intérieure.

 

Le triptyque coeur-corps-esprit : les livres en bibliothérapie

Aline : Si on veut caricaturer, on a un petit peu la bibliothérapie créative selon Régine Detambel, et puis la bibliothérapie anglo-saxonne qui est plutôt de la prescription, de l’informatif. En regardant ce que tu proposais sur ton site, j’ai eu l’impression que tu mariais un petit peu les deux. Est-ce que c’est juste, et comment est-ce que tu vois ça ? Quelle est ton approche par rapport à ces différentes manières de pratiquer ?

Aurélie Raymond : C’est tout à fait juste. J’ai toujours été une grande lectrice de classiques, de ce qu’on peut appeler « la grande littérature », des poètes avec leur langue magnifique, René Char, poète que j’adore, et bien d’autres. Mais pour autant, je trouve ça dommage de dissocier et d’opposer les genres. C’est-à-dire que moi, dans mon approche de la bibliothérapie, dans une séance qu’on peut faire avec moi ou dans le cadre d’un atelier, on pourra très bien trouver un texte de Proust et à côté un livre de développement personnel. Pour moi, il y a ce triptyque que j’appelle triptyque « coeur, corps, esprit », avec des livres qu’on va classer dans telle ou telle catégorie et qui vont se compléter. Donc je trouve ça un petit peu dommage d’opposer les genres, et pour moi ils ont vocation à se compléter. Un bon livre de psychologie ou un essai philosophique ne va évidemment pas avoir la même fonction qu’un roman, qu’une fiction ou même qu’un texte poétique.

Donc dans ce que je transmets, je dissocie, je met en valeur ce triptyque coeur-corps-esprit et je mets tous les livres au même niveau. Même si leur « coefficient littéraire » n’est pas le même, pour moi ils ont tous une fonction. Donc, c’est vraiment de réconcilier. Il n’y a pas d’opposition à avoir. J’aime donner cet exemple : pour développer sa créativité, il y a le formidable livre et bestseller de Julia Cameron, Libérez votre créativité, qui est très connu. Mais on peut lire aussi un roman formidable : j’aime à citer aussi Just Kids de Patti Smith. Et pour moi, avoir un roman incroyable écrit dans une belle langue et un livre de développement personnel sur une problématique ou un thème donné, c’est ça justement qui va permettre… Je n’aime pas cette idée de performance et d’efficacité, mais en tous les cas, ça va conjuguer les forces des deux genres. J’ai envie de dire qu’ils ne vont pas s’opposer, ils vont au contraire se réunir. Il va y avoir une forme de complétude qui va s’opérer. Dans tous les cas, c’est l’objectif. Ça veut pas dire que ça marche à tous les coups, mais c’est l’ambition.

Aline : Je suis entièrement d’accord !

Aurélie Raymond : C’est ce que j’aime à répéter parce qu’encore une fois, en France en particulier, il y a toujours cette tradition parfois élitiste de dire il y aurait la « grande littérature », le panthéon des grands auteurs, et puis nous, pauvre peuple de lecteurs, tout en bas dans la plaine, regardant avec déférence ce que nous dicte cette grande littérature et ces grands auteurs. Et puis, au panier les livres de psychologie, au panier les livres de développement personnel, au panier (ou au secours!) les fameux « feel good books » qui seraient écrits avec les pieds. Complètement nul et inutile, et qui seraient voués aux gémonies. Voilà, l’idée c’est de réconcilier, de dire qu’effectivement ils n’ont pas tous la même fonction. Ils ne sont pas écrits tous de la même façon, mais ils peuvent avoir tous un intérêt, et notamment dans une démarche bibliothérapique.

Aline : Oui, absolument. Et comment est-ce que tu combines tout ça en pratique ? Tu proposes à la fois des séances en individuel, et des ateliers ? J’imagine que, du coup, c’est construit de manière différente ?

 

Ateliers et séances individuelles de bibliothérapie

Aurélie Raymond : C’est construit de manière complètement différente. La grande différence c’est qu’en atelier, ça va être un groupe, un petit groupe, et que c’est moi qui vais donner le tempo. C’est moi qui vais choisir un thème. Donc il va toujours y avoir un thème plus ou moins large, qui peut être plus ou moins profond. A partir de ce thème, je vais décliner un certain nombre de propositions à l’intérieur de l’atelier. Forcément, il va y avoir des moments où je vais lire, où les participants vont lire, mais pas seulement. Il y a un certain nombre de petits rituels littéraires que j’ai mis en place, de jeux d’écriture. Parce que pour moi, quand on parle de bibliothérapie, il s’agit vraiment de faire dire « je », de faire parler le ressenti et de faire parler le corps. Et donc on peut utiliser tout un tas de médiums. Moi, l’écriture, c’est celui qui me plaît le plus, mais on peut en utiliser bien d’autres.

Et il va y avoir en fin d’atelier toujours une partie – quand on parle de bibliothérapie, c’est celle à laquelle les gens pensent le plus – la « prescription ». Dans cette prescription, je vais toujours essayer de me tenir à mon triptyque coeur-corps-esprit. Toujours proposer des livres en relation avec mon thème : les livres « esprit » qui vont parler à notre intellect et notre mental. Ça peut être un livre de développement personnel, mais ça peut être aussi, pourquoi pas, un essai documentaire. Des livres de fiction qui vont parler à notre cœur. Des livres où on va pouvoir s’identifier, qui ne seront pas forcément en lien avec le thème d’ailleurs.

Pour moi, si on reprend la créativité, on pourrait avoir des livres « esprit » en lien avec la problématique, mais dans les livres « coeur », on pourra – et c’est en ça que je rejoins Régine Detambel – on n’est pas obligé d’avoir un livre qui colle à la problématique. Ça va être aussi en fonction de la langue, de l’énergie des personnages, du récit, etc. Et ce que j’appelle les textes « corps » : pour moi, ça va être des textes tout simplement beaux, des textes qu’il va falloir lire à voix haute chez soi. On en aura pris l’habitude dans l’atelier, donc ça ne semblera pas si bizarre que ça… Peut-être pour nos voisins, mais c’est tout. Des textes à lire à voix haute qui vont avoir pour seul objectif de faire parler corps, le ressenti.

Et c’est pour ça que je dis que là on peut avoir un texte de développement personnel et un texte poétique très exigeant, où à la limite même on va dire « je n’ai pas tout compris »… Pas grave si on n’a pas tout compris, on se laisse porter par la mélodie, par la prosodie du texte. C’est un peu comme quand on écoute une musique dans une langue étrangère, on ne comprend pas tout, mais ce n’est pas grave, on se laisse porter par le rythme. Donc là, c’est cette partie-là de ce que j’appelle le triptyque, laisser parler vraiment le corps. Donc ça c’est en groupe, autour d’un thème donné que je prépare en amont avec un certain nombre de textes.

En individuel, ça va être un peu différent parce que la personne arrive avec sa problématique. Évidemment, ce n’est pas moi qui donne le thème. Donc je commence toujours par un questionnaire pour définir le profil du lecteur, pour savoir un peu quelles sont ses habitudes de lecture. Évidemment, entre quelqu’un qui dévore des romans, des personnes qui vont dévorer des grands classiques, quand d’autres ne vont lire que des essais ou quand d’autres vont dire « Moi, je ne lis des romans policiers », etc. il ne s’agit pas forcément de coller au profil du lecteur, mais d’avoir une base qui permet d’être le plus juste possible.

Et dans la séance individuelle, ce qui va être important aussi c’est la rencontre. Pour définir un petit peu la problématique, ça peut se faire au téléphone ou en face à face. Et ensuite, comme en atelier, même si ça ne passe pas de la même façon, au-delà de la prescription que je peux faire, il va y avoir ce que j’appelle le rituel littéraire. Donc toujours une proposition autour d’un texte : ça peut être de l’écriture, de la musique, ça peut être plein de choses. Quelque chose qui ancre le texte dans le corps, parce que quand on parle de bibliothérapie, c’est essayer -et ce n’est pas toujours facile, ce qui est un peu contre intuitif, notamment pour les grands lecteurs – de se dire « j’essaie de désintellectualiser ». Donc je vais m’approprier le texte et pour ça il faut que je l’intègre autrement, par mes ressentis et corporellement.

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Aline : Finalement, tu as à la fois un corpus de livres que tu vas prescrire comme des touts, que les gens vont lire, et puis à la fois ta base de données d’extraits de textes que tu vas utiliser comme lectures à haute voix, que tu vas lire ou que les autres vont lire. Comment est-ce que tu t’es créé cette base de données personnelle ? Est-ce que c’est au fil de tes lectures à toi ? C’est une question que souvent les personnes qui veulent se lancer dans la bibliothérapie se posent : comment est-ce que je choisis les textes ? Ou est-ce que je trouve les textes ? Comment t’es-tu construite cette panoplie que tu as à ta disposition ?

 

Comment choisir les textes à proposer en bibliothérapie ?

Aurélie Raymond : Alors forcément, aujourd’hui ce n’est pas tout à fait pareil qu’avant. Avant, comme je suis journaliste littéraire, forcément j’avais beaucoup de livres en magasin. Donc beaucoup de références au niveau des romans, etc. Après, ce que je conseille c’est toujours de partir des livres qu’on aime. Ça va être les livres un peu noyau, les livres un peu support. Se dire là, ces deux, trois, dix livres, ce sont des livres qui me parlent parce que ça répond à une question existentielle, parce que le récit, les personnages me semblent être dans une énergie intéressante. De partir des romans, et puis évidemment, après ça va être d’être dans une posture un peu pratico-pratique : se faire un petit tableau par thème.

Et alors il y a tout ce que j’appelle moi les livres « esprit » qui parlent à l’intellect et au mental, qui vont plus relever de l’effet documentaire, du livre de développement personnel, où là on peut coller au thème. Donc trouver les livres qui font référence sur tel ou tel thème, etc. Des livres qu’on a nous mêmes lus, qu’on nous a conseillés ou tout simplement qui font autorité dans leur domaine.

Après, ce qui va être plus compliqué, ce sont les romans. Parce que si j’ai quelqu’un qui vient me voir par exemple pour faire son deuil, en fonction de la personne évidemment il n’y a pas un livre type. Si on prend un livre de psychologie, on pourra dire que ce livre fait autorité : je l’ai lu et je le trouve formidable, je pense qu’il peut faire du bien parce qu’il va mettre des mots justes sur ce qu’on peut ressentir quand on fait un deuil. Mais sur le roman, ça va être un petit peu différent, parce que ce n’est pas parce que tout d’un coup on a un personnage qui vit le deuil qu’on va forcément s’identifier.

Quand on est en deuil, si on reprend ce thème un peu difficile mais récurrent, il y a des personnes qui ont besoin de sortir de leur solitude quand d’autres vont avoir besoin de panser les plaies d’un passé familial douloureux, quand d’autres vont avoir besoin de retrouver une nouvelle temporalité et une nouvelle énergie. Et dans ces cas là, ça va être quelque chose d’un peu plus subjectif où on peut se dire : face à telle personne qui a besoin d’énergie, par exemple, donnons-lui dans tel roman la force de vie, la vitalité de tel ou tel personnage.

C’est ce que raconte Michel Petit dans ce livre où elle donne l’exemple de Laure Adler qui a perdu son bébé et qui dit que c’est en lisant Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras qu’elle retrouve un peu foi et courage. C’est l’énergie de la jeune fille du barrage qui, tout d’un coup, l’a fait renouer avec une force de vitalité. Là, ça va être un peu en fonction aussi de la sensibilité chacun.

Et puis les textes qui doivent être lus à voix haute, ça peut être juste encore une fois parce que c’est lumineux, parce que c’est beau, parce que c’est profond, même parce qu’il y a UN mot qui nous a interpellés. Et même si on n’a pas tout compris, ce n’est pas grave.

Aline : Tu parles par exemple du deuil, mais finalement, qu’est ce que les gens viennent chercher quand ils font une séance individuelle avec toi ? Quel type de personne est-ce que tu as ? Quelle problématiques abordent-ils avec toi ?

 

Quel public et quelles collaborations ?

Aurélie Raymond : Les personnes qui viennent me voir, c’est parce qu’elles ont suivi – souvent mais pas du tout de manière systématique – un atelier de groupe qu’elles veulent approfondir. Après, c’est vrai que les thèmes sont assez récurrents. On parlait du deuil, le stress, la séparation, la solitude. Ce sont des thèmes assez récurrents.

Je parlais de créativité tout à l’heure parce que je propose aussi des ateliers d’écriture autour de la créativité. Donc j’ai pas mal de demandes pour développer son imaginaire, sa créativité au sens large, etc. C’est souvent autour de ces thèmes-là, de ces problématiques-là. Et les personnes qui viennent me voir sont un public assez divers. Moi, la seule chose à laquelle je fais toujours attention est de ne pas me substituer à un médecin ou un psychothérapeute quand la problématique nécessite un traitement lourd.

Aline : Est-ce que ça t’arrive de travailler en collaboration avec justement des médecins ou d’autres thérapeutes pour certaines personnes, en ayant vraiment la bibliothérapie comme un outil qui accompagnerait d’autres prises en charge ?

Aurélie Raymond : Oui, ça m’est arrivé par le passé, par exemple de travailler avec des malades d’Alzheimer. Il y avait notamment aussi dans ce partenariat des danse-thérapeutes. C’était très intéressant parce qu’on a lié le mouvement, le corps et le texte. C’était évidemment encadré par un médecin, encadré par une autorité scientifique j’ai envie de dire.

Mais c’est vrai que sinon, généralement, dans ma pratique, ça m’est arrivé de refuser des personnes qui me contactent, qui me disent par exemple – je cite cet exemple parce qu’il est récent – une personne qui a des troubles alimentaires très, très graves et qui me dit « Personne n’a réussi à me soigner, est-ce vous vous pouvez le faire ? » Évidemment, il y a un petit recadrage à faire. Je dis que je peux accompagner pour tout ce qui est relatif au stress, à l’angoisse que ça peut générer, sur comment trouver des moyens d’être plus apaisé, mais en aucun cas me substituer au médecin ou au thérapeute qui a en charge ce type de problématique.

Aline : Tout à fait, c’est important de mettre des limites à la bibliothérapie, même s’il y a thérapie dans le terme !

 

Se former à la bibliothérapie avec Aurélie

Tu donnes aussi des formations pour les gens qui seraient intéressés à devenir bibliothérapeutes, pour autant qu’on puisse utiliser ce terme qui n’est pas officiel, mais quand même, à pratiquer la bibliothérapie. J’ai vu que tu donnais aussi des formations dans des institutions ou des bibliothèques, etc. En tant que bibliothécaire, je me suis pas mal intéressée à la manière dont on pouvait amener la bibliothérapie dans les bibliothèques. Donc, si j’ai bien compris, parfois tu accompagnes les bibliothécaires à mettre en place des ateliers au sein de leur milieu professionnel ?

Aurélie Raymond : Oui, c’est ça, généralement je suis contactée par une médiathèque ou une bibliothèque qui souhaite être dans une dynamique de création d’ateliers ou de diversifier un petit peu ce qu’ils proposent à leur public. Les formations sont toujours dans l’idée de transmettre des outils très pratiques. Parce que quand on parle bibliothérapie, c’est très intéressant, c’est très galvanisant, mais pour les personnes ça reste quand même souvent une idée abstraite. Dire « un symptôme, un livre » : évidemment la dimension prescriptive est présente, mais ce n’est qu’une petite partie de la bibliothérapie. L’idée, pour ce qui est des médiathèques mais c’est le cas d’autres personnes qui viennent pour se former, c’est de se familiariser avec des outils qui leur permettent à leur tour d’animer leurs propres ateliers.

C’est intéressant parce que c’est assez récent. Pendant longtemps, et c’est encore le cas aujourd’hui dans un certain nombre de structures, il peut y avoir une réticence sur cette notion de bibliothérapie qui peut paraître un peu abstraite, voire pour certains un peu fumeux. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc que nous ont encore envoyé les Américains, les Anglo-saxons ! Il peut y avoir certaines réticences, mais il y a aussi des formes d’ouverture à la tête des bibliothèques, des médiathèques, ou même des bibliothécaires qui disent « Moi, je remarque que dans ma pratique professionnelle, les gens viennent me demander des conseils sur un certain nombre de problématiques récurrentes et j’aimerais trouver des moyens d’aller un peu plus loin. » Généralement, c’est dans cet esprit aussi.

Aline : C’est vrai que le côté bibliothérapie fait peur parce qu’on se dit qu’en tant que bibliothécaire on n’est pas thérapeute, on n’est pas psychologue. Mais en même temps on est médiateur, donc on a peut-être un rôle plus large que juste donner des livres aux gens. Les accompagner dans la lecture, les conseiller davantage. Je me dis toujours qu’en tant que bibliothécaires, on n’a pas beaucoup de temps d’habitude, dans notre quotidien, pour conseiller des livres, donc on pourrait peut-être établir des structures qui permettent de conseiller de manière plus détaillée, plus large ?

Aurélie Raymond : Oui, d’aller plus loin et de transmettre, de donner envie aux autres de rentrer dans le texte autrement, d’aller vers d’autres types de lectures.

Je parlais tout à l’heure de l’importance qu’il y avait de ne pas opposer les genres. C’est vrai qu’il y a certaines personnes qui vont dire « Ah la la, moi je ne lis que des grands classiques, et quelle horreur tous ces livres, etc. » Et ça me fait toujours sourire en atelier, quand je lis un texte et que je ne donne pas les références du texte ni le nom de l’auteur, je vais lire quelque chose et on va me dire « Ah, c’est extraordinaire ! », et je vais dire… Ça peut être un livre pour enfants par exemple ! Il va y avoir une belle leçon de sagesse, ou un livre de développement personnel. Et inversement, des personnes qui vont dire « Oh la la! Alors moi, ça m’a traumatisé, Balzac, Zola et compagnie, plus jamais de la vie, je ne lis plus ça ! » Et on va lire quelque chose, on va faire quelque chose autour d’un auteur classique, et les gens vont dire « C’est extraordinaire, c’est magnifique ! », et ça va donner envie de lire peut-être cet auteur ou tous ces auteurs qu’on avait associés à quelque chose dans le milieu très scolaire. L’idée est d’ouvrir des petites fenêtres intérieure sur la lecture.

Aline : Et les formations individuelles que tu proposes, c’est pour permettre de proposer des séances de bibliothérapie comme tu les proposes toi-même ?

Aurélie Raymond : C’est exactement ça, c’est vraiment transmettre. Au départ, je n’avais pas du tout l’idée de former des personnes, mais c’est au fur et à mesure qu’on m’a demandé « J’aimerais bien faire la même chose » que je m’étais demandé comment proposer ça. De toute façon, je ne suis pas maîtresse ès bibliothérapie, je ne suis pas psychologue, je ne suis pas professeur de bibliothérapie. C’était de dire justement je vais transmettre ce que j’ai lu, ce que j’ai appris, ce que j’ai expérimenté surtout.

Souvent dans mes formations, il va y avoir un peu de théorie, une synthèse de tout ce qui se dit sur la bibliothérapie, de ce fameux triptyque coeur-corps-esprit dont j’ai parlé tout à l’heure. Mais surtout je fais « travailler », c’est les gens qui travaillent pendant la formation, mettre les mains dans le cambouis, vraiment expérimenter des rituels littéraires, la lecture à voix haute, silencieuse, comment on articule un certain nombre de textes, etc. Sur des aspects très pratiques pour ceux qui n’ont pas du tout l’habitude d’animer un atelier : comment on anime un atelier ? Qu’est ce qu’on dit ? Qu’est ce qu’on ne dit pas ?

Aline : Finalement, pour l’instant, dans le monde francophone, c’est ça : les formations, ce sont des personnes comme toi qui transmettent simplement leur expérience et ce qu’elles ont appris au fil du temps, les méthodes qu’elles ont développées.

Aurélie Raymond : Après, on peut se diriger – je sais que pour moi ça a été une interrogation – vers ce qu’on appelle l’art thérapie avec une partie des formations plus axées sur la psychologie, moitié psychologue, moitié porté vers l’art. Mais j’ai envie de dire c’est encore différent. Parce que là, quand on fait de la bibliothérapie, même s’il y a ce mot thérapie, on n’est pas dans la posture d’un psychologue. On n’a pas le bagage. La parole qui va être réconfortante, ce n’est pas la parole de l’animateur ou du bibliothérapeute, c’est vraiment toujours le texte. C’est toujours le texte qui va faire le lien entre les participants et l’animateur. C’est ça qui me semble important.

Mais c’est intéressant aussi, j’ai formé des psychiatres, des psychologues, et ça peut être tout à fait complémentaire, comme un certain nombre de pratiques qui peuvent venir compléter. Ça peut être la note de musique dans une partition qui va tout changer !

Aline : Oui, et si des outils comme la bibliothérapie sont pris en main par des professionnels comme des médecins ou des psychologues, ça va donner encore plus de poids à ces outils. C’est aussi valable dans un cadre médical, comme un des outils qui fait que finalement le tout est vraiment aidant.

Aurélie Raymond : Il y a déjà des expériences dans des cadres médicaux. Je pense à une infirmière qui a écrit un recueil de contes thérapeutiques. Elle s’appelle Solange Langenfeld et elle raconte comment, dans son unité psychiatrique – comme c’était sa passion d’écrire et de lire des contes – elle lisait des contes à ses jeunes patients. Évidemment, ce n’est pas le conte en tant que tel qui guérit, mais qui, là encore, peut provoquer un déclic, une prise de conscience qui peut, en l’occurrence là dans le processus psychanalytique, permet d’ouvrir la parole ou d’ouvrir un chemin, et c’est vraiment intéressant !

Donc, il y a des initiatives ici et là qui se développent et on ne peut que s’en réjouir. Je pense encore une fois qu’il n’y a pas à opposer : il n’y a pas les médecins d’un côté qui seraient les seuls autorisés à avoir le monopole, en l’occurrence de la thérapie par la lecture, comme il serait idiot de dire « Oulala, ces médecins ou tous ces psychologues…Non, merci, chacun a sa place ! » Encore une fois, je pense que ça peut être fait de différentes façons, tout simplement. Ça dépend aussi des problématiques des personnes. Quand j’anime des ateliers, forcément, comme ce n’est pas dans le cadre de l’hôpital… Je parlais de cette personne qui était venue me voir pour des troubles alimentaires lourds, évidemment je ne m’amuserais pas à faire un thème là-dessus. Il y a une histoire d’équilibre à trouver aussi dans les thématiques et les approches.

 

La bibliothérapie pour ceux qui sont loin du livre…

Aline : Est-ce qu’il y a encore quelque chose que tu aimerais partager au sujet de la bibliothérapie qu’on n’a pas encore dit ? On a dit beaucoup de choses déjà…

Aurélie Raymond : Je dirais que la bibliothérapie, pour moi, c’est aussi pour ceux qui sont peut-être plus loin du livre. On parlait de l’école tout à l’heure… Ceux qui se disent « Ah la la, mais moi, je suis nul. Je ne lis que tel type de livres, voire je ne lis pas beaucoup… Ça me plaît beaucoup tout ce qui peut être dit sur la bibliothérapie, le livre, mais finalement je ne me sens pas capable ou je ne m’en sens pas la légitimité parce que je lis assez mal ou j’écris mal. » Et je trouve que la bibliothérapie a du sens aussi parce qu’on va permettre de réconcilier d’une certaine façon les textes avec ceux qui en sont le plus éloignés.

C’est aussi de montrer une autre vision de la littérature, de montrer que la littérature, dans sa dimension intellectuelle, ça peut être passionnant. Moi, je trouve ça passionnant. Mais il y a aussi toute cette dimension liée tout simplement à la beauté, à la beauté des textes, aux côté sublime, au côté même spirituel qui fait que les textes peuvent parler à tout le monde, même si on en comprend pas toujours le sens. Pour moi, c’est ça qui est important.

Aline : Et que même de petits bouts de textes peuvent être beaux et utiles, si lire un livre en entier fait peur !

Aurélie Raymond : Exactement, oui, oui. Ça peut être de dire « Lisez ce roman, mais effectivement, lisez juste ce texte ou même une phrase ». Il y a toujours cette idée qu’on va devoir lire 400 pages, ou 300 pages de tel ou tel roman. Mais évidemment, oui, ça peut être des petits extraits.

Aline : Magnifique ! Alors, si on veut retrouver toutes tes activités, c’est ton site Internet qui est le bon endroit où se rendre ?

Aurélie Raymond : Oui, tout à fait, sur Mapetitebibliotherapie.fr

Aline : Voilà, exactement. Et est-ce tu as des projets, des choses que tu es en train de développer ?

Aurélie Raymond : Oui, peut être un livre, un livre à venir sur l’imagination. Encore avec un point d’interrogation…

Aline : Superbe, tu nous tiendras au courant quand ton livre sort. Aurélie, merci mille fois pour ce petit moment qu’on a passé ensemble.

Aurélie Raymond : Merci beaucoup, Aline, de m’avoir donné l’opportunité de parler bibliothérapie, j’en suis toujours ravie.

Aline : C’est super intéressant de voir comment chacun aborde la bibliothérapie et les différentes manières de pratiquer. Je trouve ça passionnant, donc merci d’avoir partagé ta manière de faire avec nous. Et puis on peut te retrouver sur ton site Mapetitebibliotherapie.fr Et peut-être dans un prochain livre ?

Aurélie Raymond : Oui, sait-on jamais. Et pourquoi pas des évènement aussi, j’aimerais bien. Il y en a certains qui le font. Mais voilà, je n’en dis pas plus. Pourquoi pas un évènement autour de la bibliothérapie aussi !

Aline : Quand on pourra de nouveau se réunir…

Aurélie Raymond : Exactement !

Aline : Super, merci beaucoup Aurélie ! A bientôt !

Aurélie Raymond : Merci, merci, Aline, à très bientôt.

 

Voilà, c’est la fin de cet épisode du podcast Des livres pour cheminer ! Merci à Aurélie d’avoir partagé sa vision de la bibliothérapie, j’espère que ça vous a plu. A tout bientôt pour un prochain épisode, au revoir !

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Crédit du générique : Ave Marimba Kevin MacLeod (incompetech.com)
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