Podcast sur la bibliothérapie

 

Bienvenue dans ce 5e épisode du podcast « Des livres pour cheminer » !

 

Des livres pour cheminer – un podcast sur la bibliothérapie :

Interview d’Aurélie Louvel, bibliothérapeute jeunesse

 

Après Katy Roy et Lionel Aobdia, je vous propose aujourd’hui de rencontrer Aurélie Louvel, professeure documentaliste dans un Interview d'Aurélie Louvel
collège français et spécialiste de la bibliothérapie à destination d’un jeune public.

Pour retrouver Aurélie en ligne : son site Bibliothérapie Jeunesse

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Interview d’Aurélie Louvel sur la bibliothérapie jeunesse : version texte du podcast

Bonjour, c’est Aline du site Des livres pour cheminer, et bienvenue dans le cinquième épisode de ce podcast !

Aujourd’hui, nous continuons notre panorama des différentes approches de la bibliothérapie. Après avoir interviewé Katy Roy qui nous parlait de la bibliothérapie imaginale, après Lionel Aobdia qui nous a présenté la bibliothérapie intuitive, j’ai le plaisir d’interviewer Aurélie Louvel qui s’est spécialisée, elle, dans la bibliothérapie à destination des jeunes, enfants ou adolescents.

Pour une fois, j’ai pu réaliser ce podcast face à face et non par Skype puisque j’ai eu le plaisir de rencontrer Aurélie lors d’une journée de formation qu’elle a donnée à Lausanne en Suisse, journée intitulée « Bibliothérapie à destination d’un jeune public ». Cette formation était proposée dans le cadre de formations continues à destination des bibliothécaires de Suisse romande. Et donc j’y ai participé en tant que bibliothécaire scolaire, avec pour but de pouvoir mettre en place des actions de bibliothérapie dans l’école où je travaille. Mais ça, c’est encore de la musique d’avenir, je vous en reparlerai en temps voulu !

Maintenant, partons à la rencontre d’Aurélie Louvel :

Aline : Bonjour Aurélie ! Merci d’avoir accepté mon invitation pour cette interview. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Aurélie Louvel : Alors, je suis Aurélie Louvel, je suis professeur documentaliste depuis quelques années. Je travaille dans un petit collège de Normandie depuis quelques temps. Et je suis également formatrice en bibliothérapie, en Suisse notamment où on m’a appelée pour faire deux formations depuis 2 ans. Donc une formation « Bibliothérapie auprès d’un jeune public ».

Aline : C’est justement dans ce cadre qu’on se rencontre parce qu’on est en train de suivre une journée de formation sur la bibliothérapie spécifiquement pour un jeune public. Avant de venir justement à ta manière d’aborder la bibliothérapie, est-ce que tu peux nous raconter comment est-ce que tu as rencontré la bibliothérapie ?

Aurélie Louvel : En fait à la base, quand j’étais plus jeune, je voulais travailler dans la médecine pour soigner les autres. En même temps j’adorais la littérature. Donc j’ai été amenée à faire une licence en lettres et un master en lettres, tout en gardant quand même le côté bien-être à côté. Et je me suis rendu compte qu’à certains moments de ma vie où ça n’allait pas, je trouvais refuge dans la lecture. A partir de ce moment-là, j’ai fait des recherches et je suis tombée sur des articles qui parlait de bibliothérapie. Mais à la base ça concernait plus des livres de développement personnel en fait. Ça commençait à émerger un petit peu en France et j’ai commencé à m’y intéresser de cette façon-là. Et puis ensuite, par rapport à mes expériences quotidiennes auprès de mes élèves, je me suis rendu compte que ça pouvait vraiment apporter beaucoup de choses. De là, suite à un appel à contribution dans la revue InterCDI (c’est une revue professionnelle destinée aux professeurs documentalistes), j’ai écrit un article sur la bibliothérapie exercée en milieu scolaire. Et donc mon article a été publié, et à partir de ce moment-là on m’a contactée de Suisse pour venir donc vous former.

Aline : OK, et avant de devenir formatrice, comment est-ce que tu t’es formée à la bibliothérapie ?

Aurélie Louvel : À partir du moment où on m’a appelée donc pour être formatrice, étant professeur ça reste quand même un tout autre métier, le public est pas le même, les enjeux non plus, donc j’ai décidé de me former auprès de Régine Detambel qui est une écrivaine jeunesse et aussi une bibliothérapeute qui propose des formations en bibliothérapie créative, en présentiel et aussi à distance. Donc je l’ai contactée pour être formée via Skype en 2 modules. Et ça m’a apporté aussi du coup des pistes d’action on va dire, et aussi des informations sur l’histoire de la bibliothérapie. Voilà, plusieurs points en fait.

Aline : Tu nous expliqueras tout à l’heure comment tu as mis ça en pratique dans ton quotidien. Mais avant, est-ce que tu peux me donner ta définition de la bibliothérapie ? J’aime bien poser cette question parce que c’est vrai qu’on a chacun une approche peut-être un petit peu différente, donc comment est-ce que toi tu vois la bibliothérapie ?

Aurélie Louvel : Pour moi, la bibliothérapie c’est le recours aux livres en vue d’un mieux-être par la lecture et aussi la créativité. Donc il y a les bienfaits de la lecture quand même d’un côté, forcément, mais il y a aussi toute une relation avec le « prescripteur », celui qui conseille le livre. Et aussi tout l’aspect créatif qui en découle.

Aline : Et toi, tu t’es spécialisée surtout dans la bibliothérapie envers les jeunes. Pour toi, qu’est-ce qu’il y a comme différence entre l’approche d’une bibliothérapie pour les adultes et pour les jeunes ?

Aurélie Louvel : Comme on l’a évoqué tout à l’heure, je pense que la bibliothérapie destinée aux adultes, c’est une démarche en fait personnelle. On sait que, voilà, il y a quelque chose qui ne va pas et on va consulter quelqu’un. Alors que pour des enfants et des adolescents, je pense que ce n’est pas du tout la même approche. Il faut jouer de beaucoup de subtilité en fait. Parce qu’en tout cas dans un milieu scolaire ce n’est pas évident, je ne peux pas aller voir tel élève en disant, alors quel est ton problème, je vais te donner tel livre ou tel livre… C’est plus de la prévention entre guillemets. Pour moi, on marche aussi sur des oeufs du fait que ce soit des enfants et des adolescents, il ne faut pas non plus les braquer. Alors conseiller des livres qui peuvent être quelque chose de trop frontal, ça peut être aussi compliqué du coup. Donc il faut vraiment être très subtil, intuitif aussi. Pour moi c’est vraiment toute la différence entre la bibliothérapie qu’on peut pratiquer avec des adultes ou avec des enfants.

Aline : Et du coup ça ne va pas prendre la même forme qu’avec les adultes où par exemple on peut avoir une consultation face à face avec le bibliothérapeute. Quelle forme est-ce que ça prend avec des jeunes ?

Aurélie Louvel : En ce qui concerne les ateliers, les animations, c’est plus en groupe, avec des sélections d’extraits, des textes métaphoriques qui peuvent parler à tout un chacun en fait. C’est plus axé là-dessus. Il y a ce côté-là, donc animation, et il y a aussi le côté aménagement de l’espace dont on va parler cet après-midi. Comment aménager un espace détente enclin à la lecture. Voilà, ça passe aussi pour moi par ça. Il y a des choses qui se font aussi dans d’autres centres de documentation en France : c’est des petits sacs avec des sélections thématiques mis à disposition des élèves. Donc il y a cet aspect-là. Il y a le côté numérique aussi où on peut faire des sélections par rapport à des thèmes bien précis : le divorce des parents, le mal-être, etc. On peut mettre tout ça à disposition des élèves. Ensuite c’est à eux de se diriger vers ça. On ne peut pas non plus être dans le côté frontal comme on le disait tout à l’heure. Donc voilà, il y a plusieurs aspects en fait.

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Aline : C’est un peu comme si on mettait en place des choses à leur disposition et qu’on les laisse libres de profiter, sans dire qu’on fait de la bibliothérapie. On les amène à lire.

Aurélie Louvel : C’est ça, on les guide. Là, cette année, avec une classe de 6e, on fait de l’incitation à la lecture, et pour la première fois j’ai fait un petit guide du lecteur avec un petit test aussi. Donc on peut se servir beaucoup des tests pour affiner le profil lecteur et ensuite orienter les élèves vers des livres qui leur correspondent. Et donc, dans ce petit guide, il y a ce test, la sélection d’un livre, une fiche de lecture on va dire basique. Et à la fin, j’ai rajouté des questions bibliothérapeutiques. Donc le mot a été posé quand même, c’est pas forcément évident, mais voilà… Et donc les questions bibliothérapeutiques, je ne vais pas poser des questions intimes non plus aux élèves, parce que ce n’est pas mon domaine, je ne suis pas psychologue. Mais ce sont des questions sur les personnages : en quoi tel personnage te ressemble ? A sa place, quelle solution aurais-tu trouvé ? Qu’est-ce que tu aurais pu faire de plus ? Si tu devais réécrire la fin de l’histoire, qu’est-ce que tu aurais pu faire ? Et tout ça, en fait, ça va permettre le côté identification aux personnages, ça peut apporter des solutions. Enfin voilà, tout ça ça amène sur des pistes et ça peut enclencher un cheminement dans la tête des enfants.

Aline : Donc là tu nous parles surtout d’élèves dans un cadre scolaire, est-ce que tu as eu connaissance d’autres manières d’amener la bibliothérapie auprès des jeunes, dans d’autres cadres que le milieu scolaire ?

Aurélie Louvel : Oui, grâce à mon site, à mon projet, j’ai eu des contacts divers, dont un avec un éducateur spécialisé qui travaille en foyer avec des adolescents et qui avait écrit son mémoire d’études sur la bibliothérapie. Donc lui aussi s’était heurté au problème du mot « thérapie », donc il avait dû changer, enfin bref… Et voilà, tout ça pour dire que ce n’est pas évident non plus, mais il met lui aussi à son niveau des choses en place dans sa structure. Par exemple, il me disait la dernière fois qu’il allait travailler sur le livre « Les enfants particuliers ». Parce que pour lui, ce sont des enfants qui se retrouvent dans une école, qui ont des dons spécifiques, et pour lui ça peut parler aux enfants qui se retrouvent en foyer. Donc il y a le côté identification. Et il met ces choses-là en place, il a créé, mis de l’ordre dans la bibliothèque parce qu’il n’y avait pas forcément de choses qui étaient faites quand il est arrivé. Et il essaie vraiment de conseiller, des choses comme ça.

Aline : Super ! S’il y a des bibliothécaires ou des documentalistes qui nous écoutent et qui se disent « tiens, j’aimerais mettre en place quelque chose dans ma bibliothèque », alors évidemment on peut venir te demander des conseils ou suivre une formation que tu proposes. Mais sinon, qu’est-ce que tu pourrais donner comme conseils généraux pour aider à mettre en place quelque chose ?

Aurélie Louvel : Déjà on peut commencer par aménager un petit espace zen, quelque chose qui amène à la détente. C’est tout bête mais je pense que ça instaure un climat de confiance, ça peut apporter des choses. Et disposer des petites sélections du coup thématiques, déjà ça peut être un premier pas vers la bibliothérapie. Après, on peut être amené à développer des ateliers de bibliothérapie créative, créer des carnets créatifs, des sélections d’extrait, ça passe par plusieurs plusieurs choses.

Aline : J’avais une question bonus… je me pose la question parce que ça m’intéresse personnellement pour mon travail : est-ce que tu as entendu parler des projets « Silence on lit », le fait de tout arrêter dans l’école pendant 15 minutes par jour ou moins, mais par exemple 15 minutes par jour, et puis tout le monde se met à lire, y compris les élèves, les enseignants, le personnel, la direction, etc. Est-ce que ça ça n’est pas aussi de la bibliothérapie finalement ?

Aurélie Louvel : Oui puisque ça instaure une pause dans le quotidien. C’est une pause où pendant les 15 minutes on ralentit, on laisse tomber ce qu’on est en train de faire et on se concentre sur quelque chose. Et comme on l’a dit ce matin, en 6 minutes la tension nerveuse redescend complètement. Enfin je pense que c’est vraiment intéressant comme initiative et ça peut permettre aussi aux élèves d’être plus à même d’apprendre des choses ensuite, le fait d’être plus calmes. Je pense que ça ne peut être que bénéfique.

Aline : Est-ce que tu as eu vent d’expériences de ce genre proche de chez toi ?

Aurélie Louvel : Alors c’est encore d’un autre ordre, mais ça y ressemble un peu. C’est des professeurs documentalistes de l’Académie de Nice qui mettent en place des siestes contées. Donc sur le temps du midi, elles sélectionnent des livres très rapides à lire, il ne faut pas que ça dure plus de 10 minutes. C’est la collection « Petite poche » qui est utilisée et c’est une collection qui aborde pas mal de sujets très intéressants. Donc il y a un espace détente, les élèves enlèvent leurs chaussures, s’allongent sur les coussins et écoutent la professeure documentaliste raconter. Ou alors ça peut être un élève qui se désigne pour lire. Et là ça crée vraiment une pause dans la journée scolaire en fait, donc je pense que ça se rejoint. Et ça a énormément de succès, même auprès d’élèves qui sont réfractaires à la lecture et qui ne rentraient jamais dans le CDI. Donc le côté sieste contée n’est pas destiné qu’aux petits en fait.

Aline : Et le côté lecture à haute voix est peut-être plus encourageant pour ceux qui n’ont pas envie de lire par eux-mêmes… Est-ce que tu as envie de nous parler encore de quelque chose en particulier par rapport à la bibliothérapie et les jeunes ?

Aurélie Louvel : Je tiens un site Bibliothérapie jeunesse dans lequel j’essaie de me tenir au courant de l’actualité sur le sujet. J’ai ma page Facebook aussi, le site de mon établissement avec ma rubrique CDI où je parle de mes expériences, et voilà.

Aline : On mettra les liens dans l’article vers tes différents sites. Et est-ce qu’il y a des possibilités de se former avec toi, pour ceux qui seraient intéressés par une formation, ou est-ce qu’il n’y a rien de régulier pour l’instant ? Où est-ce qu’il faut venir en Suisse ?!

Aurélie Louvel : Alors pour l’instant il faut venir en Suisse ! C’est en cours en fait, un cabinet de formation m’a proposé d’être formatrice. Mais étant fonctionnaire, je dois demander l’autorisation à ma hiérarchie, donc j’attends impatiemment l’autorisation pour pouvoir mener des formations auprès de bibliothécaires et autres acteurs culturels en France. Donc voilà, il y aura cet aspect-là, et j’aimerais bien aussi développer la formation à distance parce que j’ai pas mal de sollicitations. Donc à voir, j’aimerais bien. Et récemment j’ai eu la sollicitation d’une maison d’édition assez connue en France (je n’en parle pas tout de suite parce que j’attends que ça soit sûr) qui me propose d’écrire sur la bibliothérapie jeunesse.

Aline : Génial !

Aurélie Louvel : Donc j’attends confirmation quand même parce que je ne veux pas m’avancer, mais je serais heureuse de partager ça dans un livre.

Aline : Ça comblerait un manque dans le peu de livres sur la bibliothérapie !

Aurélie Louvel : Oui c’est vrai qu’on trouve peu de choses.

Aline : En français en tout cas. Super, on pourra se tenir au courant de cette actualité et des prochaines possibilités de formation sur ton site. Merci beaucoup Aurélie, et à une prochaine en vrai ou sur internet !

Aurélie Louvel : Ravie de te rencontrer aussi, merci à toi.

Voilà, c’est la fin de ce cinquième épisode du podcast Des livres pour cheminer ! Si vous travaillez au contact des jeunes, que vous soyez bibliothécaire ou autre, j’espère que ce moment passé en compagnie d’Aurélie vous aura peut-être donné quelques pistes à suivre pour introduire la lecture et la bibliothérapie dans votre quotidien professionnel. Merci encore de nous avoir écoutés et je vous dis à tout bientôt pour une prochaine interview ! Au revoir !

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Crédit du générique : Ave Marimba Kevin MacLeod (incompetech.com)
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