Peut-être pensez-vous que la bibliothérapie est une méthode un peu « bobo », qui s’adresse à ceux qui ont suffisamment de loisirs pour prendre le temps de lire et se soucier de leur développement personnel ?

Les Passeurs de livres de Daraya : voici un livre qui nous prouve le contraire !

Même lorsque l’être humain est poussé dans ses derniers retranchements, lorsque sa vie est mise en jeu chaque seconde, lorsque qu’il n’est plus question de vie mais de survie, les livre sauvent, aident et soutiennent.

Les passeurs de livres de Daraya

C’est l’histoire de Daraya, banlieue de Damas, assiégée de manière implacable par le régime syrien entre 2012 et 2016. C’est l’histoire de quelques dizaines de jeunes gens, pris au piège de leur ville, qui tentent la résistance et l’insoumission.

Delphine Minoui, journaliste française, a correspondu avec eux, tant bien que mal, au gré des aléas d’une connexion internet défaillante, durant ces quatre années de guerre… Elle nous raconte.

Une bibliothèque secrète au milieu des décombres…

Au hasard des bombardements, Ahmad et ses camarades découvrent quelques livres sous les décombres. Ils décident de les sauver et de les stocker dans une pièce souterraine à l’abri des obus. Jour après jour, leur collection s’accroît pour atteindre plus de quinze mille exemplaires ! Quelques canapés, des étagères bricolées.

Ainsi naît la bibliothèque secrète de Daraya, lieu de résistance, de culture, de formation, d’échange. Bref, un espace qui donnerait presque l’illusion d’une vie normale, l’espace de quelques instants arrachés à l’horreur du dehors.

La bibliothérapie en temps de guerre !

Bien sûr le processus de mise en place de la bibliothèque lui-même est thérapeutique : construire pour résister à la destruction omniprésente. Un lieu public, ouvert six jours sur sept, alors que Daraya n’avait jamais eu de bibliothèque, même en temps de paix !

Avant la guerre, ces jeunes n’étaient pas lecteurs… les livres étaient synonymes de propagande du régime ! Grâce à leur bibliothèque secrète, ils découvrent un autre monde, lisent Shakespeare, Molière, L’alchimiste de Paulo Coelho, un de leurs préférés qui leur parle de liberté et de défi de soi. Les livres de développement personnel s’arrachent, on se les conseille parmi. Le best-seller international Les Sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, qui parle de construction de soi, devient leur boussole. Les livres sur la démocratie ont aussi beaucoup de succès.

Quelques citations qui m’ont particulièrement touchée…

…et qui montrent l’étendue de ce que les livres ont fait pour ces jeunes :

« Il veut parler des livres, sa nouvelle passion, pas se lamenter sur sa santé. Lui, le survivant, ose croire en leur bienfait. S’ils ne peuvent soigner les plaies, ils ont le pouvoir d’apaiser les blessures de la tête. En fait, le simple acte de lire lui est d’un immense réconfort. […] Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit. »

« Dans ce sas de liberté qu’ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s’instruire. Pour éviter la démence. Pour s’évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. La lecture, ce modeste geste d’humanité qui les rattache à l’espoir fou d’un retour à la paix. »

« Seul face à la nuit, avec son arme comme seule compagne, il lit. Il croit aux livres, il croit en la magie des mots, il croit aux bienfaits de l’écrit, ce pansement de l’âme, cette mystérieuse alchimie qui fait qu’on s’évade dans un temps immobile, suspendu. Comme les cailloux du Petit Poucet, un livre mène à un autre livre. On trébuche, on avance, on s’arrête, on reprend. On apprend. Chaque livre, dit-il, renferme une histoire, une vie, un secret. »

Mais parfois, lorsque la situation semble désespérée, le lecture devient plus difficile…

« Les autres lecteurs manquent de concentration. D’enthousiasme. Même les livres de self-help, pourtant si convoités, n’ont plus le même succès. Ahmad me fait une confidence : dans ces moments de détresse infinie, seule la lecture de témoignages de gens ayant vécu des expériences similaires lui est d’un quelconque soutien. »

Alors, ils lisent des ouvrages sur le siège de Sarajevo : quatre ans de bombardements, de faim et de terreur qui ressemblent beaucoup à ce qu’ils vivent à Daraya. Même la grand bibliothèque, socle du patrimoine culturel de Sarajevo, fut détruite et plus d’un million et demi de volumes partirent en fumée. C’est un miroir de leur propre histoire.

« Lire sur Sarajevo, c’est se sentir moins seul. Se dire que d’autres, avant nous, ont traversé la même épreuve. Grâce à leur récit, je me sens moins vulnérable. Je retrouve la force intérieur qui me fait avancer, dit Ahmad. »

Les Passeurs de livres de Daraya, à lire d’urgence !

Ce livre est un magnifique manifeste « pro-livre ». C’est un témoignage poignant sur la réalité de la guerre et les trésors d’ingéniosité que les êtres humains déploient pour tenir bon.

A lire absolument !

Pour aller plus loin :

Regardez Delphine Minoui parler de son livre, avec quelques photos de Daraya

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